Tout savoir sur l'émeraude

L’émeraude doit son nom au grec “smaragdos”, issu d’un mot signifiant “briller” et désignait autrefois de nombreuses gemmes de couleur verte.

L'histoire de la joaillerie est indissociable de cette noble gemme, par sa qualité qui assure une excellente pérennité, et l'attrait qu'elle a suscité auprès des amateurs et collectionneurs. Vous voulez tout savoir sur l’émeraude, ses origines, l'évolution de son prix ? Lisez notre article sur le sujet ! 

Histoire et caractéristiques générales de l’émeraude

Les émeraudes sont extraites et collectionnées depuis l’antiquité. La source la plus ancienne connue concernant l'extraction d'émeraudes remonte à l'Égypte. Il y a environ 2 000 ans, les pharaons auraient initié le commerce des émeraudes en exploitant les mines situées près de Wadi Sikait. Par ailleurs, cette pierre a été largement popularisée grâce à la Reine Cléopâtre, qui était une fervente collectionneuse d’émeraudes.

L’émeraude fait partie de la famille des béryls, aux côtés de l'aigue-marine, de l'héliodore et de la morganite, mais elle est la plus précieuse de toutes.

Sa couleur verte si caractéristique est attribuée au chrome et au vanadium, et c’est cette même couleur qui va directement définir la valeur de la pierre : plus le vert est vif et intense, plus l’émeraude est précieuse. Elle reste très stable à la lumière, cependant elle change à forte température (700/800 degrés). La dureté l’émeraude se situe entre 7.5 et 8 sur l’échelle de Mohs ; elle offre donc une bonne résistance à la rayure, cependant attention, car sa structure cristalline la rend fragile aux chocs.

L’émeraude est également une pierre très incluse, facilement reconnaissable par ce qu’on appelle ses “jardins de l’émeraude” et sont une réelle preuve d’authenticité pour la pierre, puisque qu’il est quasiment impossible de trouver une émeraude “pure” sans inclusion à l’état naturel.

L’émeraude a également donné son nom à un type de taille de pierre, la taille émeraude, aussi appelée RPC (rectangle pans coupés) car celle-ci est particulièrement adaptée à la pierre, qui la rend moins vulnérable aux chocs. La taille de l’émeraude est une tâche extrêmement délicate ; les forces appliquées à la pierre pendant ce processus de taillage peuvent provoquer sa rupture à tout instant.

Les gisements de l’émeraude

Les émeraudes les plus grosses et les plus belles viennent pour la plupart d’Amérique du Sud, en particulier de Colombie, où les cristaux sont extraits dans des conditions extrêmement difficiles : dans des galeries mal ventilées par 300 mètres de fond et par plus de 40°C, les mineurs travaillent pendant 8 heures dans un bruit assourdissant de marteaux-piqueurs…

La cristallisation de l’émeraude résulte de l’action de veines magmatiques ou hydrothermales sur des métamorphiques. Ses gisements se situent près de pegmatites intrusives dans des schistes à biotite, des schistes argileux, ainsi que des filons traversant des roches calcaires.

L’extraction des cristaux d’émeraudes s’effectue exclusivement dans ses filons de la roche mère (l’exploitation alluvionnaire n’est pas envisageable car la densité de l’émeraude est trop faible, ce qui la rend fragile)

Émeraude de Colombie

La Colombie est sans conteste la terre des émeraudes, elle en produit d’ailleurs les plus belles émeraudes, et en fait donc les plus recherchées. Tout comme le saphir du Cachemire, les émeraudes de Colombie sont amenées à disparaître du marché du fait de leur forte extraction, ce qui augmente considérablement leur prix, où les plus beaux spécimens dépassent aujourd’hui plusieurs milliers de dollars par carat.

Leur teinte vert profond avec une subtile nuance de bleu est effectivement rarement surpassée par les émeraudes d'autres origines. Toutefois, contrairement aux autres pierres de couleurs, l'origine d'une émeraude ne peut être établie de manière indubitable qu'en utilisant un microscope. Il n'y a que de minuscules inclusions, indétectables à la loupe, qui peuvent indiquer le lieu d’origine des émeraudes.

Situées dans la partie orientale de la Cordillère des Andes, les deux principaux gisements d’émeraudes sont Muzo et Chivor, chacun situé au nord-ouest de Bogota. Là-bas, les émeraudes sont extraites de filons de quelques centimètres, entre 20 et 50 mètres, des galeries doivent être creusées le long des filons, soit d’abattre des pans de montagne à l’aide d’explosifs afin de créé des “terrasses” à ciel ouvert.  Une fois ces morceaux de roches récoltées, ils sont triés à la main à la sortie de la mine, puis étudiés et taillés une fois envoyés à la capitale, à Bogota.

Émeraude du Brésil

Aujourd’hui, le Brésil est le principal producteur d’émeraudes dans le monde, aussi bien en termes de quantité et de qualité qui rivalise avec l’émeraude de Colombie et qui la positionnée en tant qu’acteur majeur sous le marché, dès la découverte de gisement à partir du 16e siècle dans l’état de Bahia, et plus tard dans les états du Goias et du Minas Gérais.

Les émeraudes du Brésil sont extraites avec la technique de l’excavation, qui consiste à creuser des galeries à flanc de montagne afin d’atteindre les filons d’émeraude. Les roches sont concassées puis triées.

Émeraude de Zambie

Découvertes dans les années 1970, les émeraudes de Zambie sont d’un vert profond teinté de bleu, similaires aux émeraudes de Colombie, et se trouvent dans un gisement près de la rivière Kafubu, à la frontière de la république démocratique du Congo. Malgré leur qualité indéniable, le poids des émeraudes de Zambie est moindre, et dépassent difficilement les 2 carats bruts, permettant d’obtenir des pierres de 0.50 à 0.70 taillés.

Les émeraude historiques par ordre chronologique

• L’émeraude Devonshire : 1384 carats, extraite de la mine de Muzo en Colombie, elle  fut offerte par l’empereur du Brésil, Pierre 1er au duc de Devonshire en 1831.
• L’émeraude Isabella : 964 carats, fut découverte en 1993 dans l’épave d’un navire en Floride. Elle aurait appartenu au célèbre conquistador espagnol Hernan Cortez.
• L’émeraude de Moctezuma : fut offerte par le souverain aztèque Moctezuma à Hernan Cortez.
• L’émeraude de Topkapi : 16300 carats, stockée dans le Palais de Topkapi à Istanbul
• L’émeraude du Grand Moghol : 218 carats sur laquelle sont gravées des inscriptions religieuses et d’ornemants floraux. Elle fut découverte en Inde à la fin du 17ème siècle et appartient désormais à un anonyme qui l’a acquis pour plus de 2 millions de dollars en 2001
• L’émeraude Patricia : 632 carats, il s’agit de l’une des plus belles émeraudes du monde, actuellement exposée au Museum d’Histoire Naturelle de New-York.

L’émeraude synthétique

Une synthèse, est par définition, la reproduction d’une pierre selon ses caractéristiques physiques et chimiques, à la différence qu’une est produite par la nature et l’autre par l’homme. Pour l’émeraude, il existe deux types de synthèse, qui fonctionnent par dissolution : 

1) La dissolution anhydre

Mise au point dans les années 1970, ce procédé est utilisé pour les corindons, l’émeraude et les quartz, c’est l’un des plus longs et des plus coûteux (8 à 12 mois, la gemme se cristallise par 2mm). L’oxyde d’aluminium est mélangé à des fondants (permettant d’abaisser la température de fusion). Les laboratoires connus utilisant cette technique sont : Gilson, Chatham et Ramaura.

2) La dissolution hydrothermale

Ce procédé est utilisé pour les corindons, l’émeraude et les quartz. Les cristaux croissent dans de l’eau à haute température (500 degrés) et haute pression (1000) pour simuler les conditions naturelles qu’il y a sous terre lors de la création des cristaux. Le plus célèbre des laboratoires en dissolution hydrothermale : Tairus.

Traitements de l’émeraude

Huilage

Comme dit précédemment, l’émeraude est une pierre naturellement incluse. Afin de masquer ces inclusions, il est possible de tremper l’émeraude dans de l’huile naturelle qui pénétrera la pierre, ce qu’on appelle une technique d’embellissement, naturelle et toujours pratiquée et admise sur les émeraudes, ayant un faible impact sur son prix (tant qu'il reste faible et incolore).

Remplissage

En revanche le remplissage - l’imprégnation - des émeraudes avec de la résine est considérée comme un traitement qui dénature la pierre, puisque la résine est synthétique et non naturelle et crée une coloration dans l’émeraude.

En effet, en plus de dissimuler les inclusions de la pierre, elle en améliore la couleur (de manière artificielle). C’est pourquoi il est primordial d’avoir un certificat d’authenticité d’un laboratoire, où seront mentionnés les différents traitements utilisés sur l’émeraude.

Évolution des prix de l’émeraude 

Parmi les gemmes de couleur, l’émeraude est la troisième pierre "précieuse" dominant le marché, représentative de 18% des achats de pierres de couleur pour les bijoux, juste après les rubis (23%) et les saphirs (49%). 

En termes d'appréciation de prix, outre la qualité et la présence de traitement, on s'attache à l'origine géographique de l’émeraude (lire également plus haut, les différentes mines de l’émeraude).

Parmi les origines, l’émeraude colombienne, d’un vert intense, qui est la plus prisée. Puis vient l’émeraude du Brésil et de Zambie.

Pour illustrer le propos, en 2017, une émeraude Rockefeller de 18 carats a été vendue à Harry Winston pour 5,5M USD (305K USD le carat) un record historique du prix au carat, pour une pierre chargée d'histoire.

Parmi les résultats de ventes aux enchères  notables dans les années 202, ces émeraudes colombiennes de belle qualité (vert intense, peu ou très peu huilée) ont pu être adjugées entre 30k€ et 58k €/carat selon ces qualités et leur poids, et même jusqu'à 98k€/carat sur une vente à Hong Kong .

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