Bijoux éthiques : une nouvelle demande des consom’Acteurs
Le sujet de l’environnement devient une préoccupation pour de nombreux consommateurs et dans différents domaines, même dans la joaillerie. Partons à la rencontre de joailliers-créateurs de 58 Facettes qui ont choisi cette démarche dans la création initiale de leur concept et pour répondre à la demande d’une nouvelle clientèle.
Mademoiselle AD : l’or recyclé et un engagement auprès des mineurs de Tanzanie
Installée à Hyères depuis 2005, Anne Daury a toujours relié la joaillerie aux valeurs éthiques. « Pour moi ce n’est pas un effet de mode, c’est une profonde conviction pour laisser un meilleur monde à nos enfants », explique-t-elle. Dès la création de sa marque, elle a souhaité utiliser 100% d’or recyclé, soit racheté directement aux particuliers dans sa boutique, soit auprès de fournisseurs certifiés Ecogold.
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« A l’époque, il n’y avait pas vraiment de traçabilité au niveau de l’or Fairmined provenant de l’Amérique Latine. Donc, j’ai préféré prendre des affineurs français certifiés proposant de l’or recyclé éco-responsable. En plus dans ma démarche, je privilégie également les circuits courts plutôt que de faire venir de l’or du bout du monde avec la multiplication d’émissions carbone ». Grâce à sa démarche éthique, la marque Mademoiselle AD a été choisie par la Fondation Notre Dame pour créer une ligne Notre-Dame AD, contribuant à la restauration de la cathédrale.
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Sa toute nouvelle collection Chronos intergénérationnelle, créée en collaboration avec sa fille Eloïse, est réalisée entièrement à la main rappelant les aiguilles de la montre à gousset de son grand-père. Dans sa boutique, Anne Daury a un petit atelier pour le sur-mesure, mais elle collabore également avec différents ateliers, selon leurs spécialités qui sont certifiés Entreprise du Patrimoine Vivant ou Joaillerie de France.
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Manal Paris : Des matériaux éthiques RJC
Dès le lancement de sa marque en 2018, la créatrice Manal Radouane a voulu choisir des fournisseurs en France pour répondre à une exigence éthique. « Je collabore uniquement avec des négociants français qui sont garants de la traçabilité des pierres et pour certains existent sur la Place depuis plusieurs générations. Ces négociants sont souvent en contact direct avec des mines pour les pierres de couleurs et pour les diamants, ils n’utilisent que des pierres répondant au Processus de Kimberley, un système de certification des diamants bruts, créé en 2000 qui a pour objectif d’éviter les diamants de conflits ».
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Les créations de Manal Paris mettent en scène des pierres de très belle qualité comme des émeraudes de Colombie sur le solitaire Anjar ou de la tourmaline rose de Mozambique, sertie sur la bague Ispahane. « J’ai développé une grande collection pour le mariage avec notamment des solitaires de couleur pastel sur or rose allant très bien avec la couleur de la peau ». Côté fabrication, Manal Radouane fait appel à des ateliers utilisant de l’or recyclé et labellisés RJC (Responsible Jewellery Council), une organisation internationale mettant en place des pratiques responsables en matière d’éthique, d’environnement et de conditions de travail.
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En hommage à ses origines marocaines, ses créations portent des noms enchanteurs comme Daera qui veut dire « rond » en langue arabe et qui rappelle l’architecture d’inspiration Art déco. « Au Maroc, nous avons plusieurs édifices qui datent des années 30 et qui mêlent l’Art déco à des détails plus en rondeur comme des pétales de fleurs, représentées sur le collier Daera ». Ses études d’ingénieur mécanique en France l’ont finalement conduite vers la résistance des matériaux, qu’elle a finalement préféré appliquer à la joaillerie. A titre d’exemple, sa bague Café de Paris met en scène un diamant rond presque en lévitation, entouré de diamants baguettes et d’un pavage au serti millegrain particulièrement technique et sophistiqué.
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Emylienne : le upcycling de bijoux oubliés
Grâce à ses 15 ans d’expérience au sein de la maison Cartier en tant que responsable de projet Haute Joaillerie, Audrey Barbier sait reconnaître immédiatement les bijoux de facture exceptionnelle. « Je suis très admirative du savoir-faire des artisans, de la précision des gestes et de leur patience, travaillant de longues heures derrière leur établi ». Depuis 2017, elle s’est lancée dans un concept particulièrement original : donner une seconde vie à des bijoux anciens qu’elle nomme poétiquement les bijoux oubliés. « J’ai vu parfois quelques pièces anciennes que l’on fondait tout simplement pour récupérer l’or ou les pierres… Alors, j’ai voulu rendre hommage à ces artisans de l’époque en métamorphosant des bijoux anciens pour réaliser des bijoux plus dans l’air du temps ».
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Ainsi, de fines broches deviennent des bracelets, montées sur un simple cordon ou, des motifs d’épingles à chapeau ornent une bague. Pour le nom de sa marque Emylienne, elle a voulu rendre hommage à sa grand-mère qui aimait particulièrement les bijoux. « Elle les portait au quotidien et à travers ma démarche, je veux redonner du sens à la valeur de transmission d’un bijou en le respectant tout en le faisant évoluer à travers les différentes générations ».
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Elle peut ainsi donner un coup de jeune à un collier de perles de famille qui se métamorphose en créoles avec des perles mobiles très actuelles. Elle aime changer les portés comme ce lourd collier de jade chocker qui devient un long sautoir plus aérien ou un diamant taille ancienne, monté sur un pic à cravates, devenu une pierre de centre pour une bague.
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Article réalisé par Kyra Brenzinger - Rédactrice en chef.
Photo 1 : Anne Daury (Mademoiselle AD) avec ses filles
Photo 2 : Collier Notre-Dame - Mademoiselle AD
Photo 3 : Boucles d'oreilles Chronos - Mademoiselle AD
Photo 4 : Manal Radouane (Manal Paris)
Photo 5 : Solitaire Anjar - Manal Paris
Photo 6 : Bague Café de Paris - Manal Paris
Photo 7 : Audrey Barbier (Emylienne Joaillerie)
Photo 8 : Bague Cerise - Emylienne Joaillerie
Photo 9 : Bracelet Petite Marseillaise - Emylienne Joaillerie