avril 15, 2025

Tout savoir sur le rubis

Le rubis, dont le nom vient du latin "rubeus" signifiant "rougeâtre", est une l’une des pierres précieuses les plus prisées des joailliers pour sa couleur intense et ses propriétés symboliques. Dans sa plus belle qualité, le rubis est également plus rare que le diamant.

L'histoire de la joaillerie est indissociable de cette noble gemme, par sa qualité qui assure une excellente pérennité, et l'attrait qu'elle a suscité auprès des amateurs et collectionneurs. Vous voulez tout savoir sur l’émeraude, ses origines, l'évolution de son prix ? Lisez notre article sur le sujet !

Histoire et caractéristiques générales du rubis

Les premières sources connues d'extraction de rubis remontent à l'Antiquité, notamment en Asie, où il était considéré comme la "pierre du soleil" en raison de sa couleur éclatante.

Le rubis est décrit comme une variété de corindon (oxyde d'aluminium) depuis les années 1800 (avant cette date, le rubis, le spinelle rouge et le grenat pyrope étaient tous trois communément appelés "escarboucles"), tout comme le saphir. Leur différence réside dans la palette de leurs couleurs : le saphir peut être de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, à l’exception du rouge qui est réservé au rubis. Cette couleur est due à la présence de chrome avec une participation de fer ; un facteur déterminant de sa valeur : plus le rouge est vif et pur, plus le rubis est précieux. Le plus recherché de tous est le rubis "sang de pigeon", d'un rouge franc avec une pointe de bleu.

Comme le saphir, le rubis possède une dureté de 9 sur l'échelle de dureté de Mohs, ce qui le rend extrêmement résistant aux rayures, le classant juste après le diamant. Cette caractéristique explique donc sa présence affirmée dans le milieu de la joaillerie, puisque cette pierre se sertit aisément et peut être par la suite être portée au quotidien sans risque.

Les inclusions sont fréquentes dans les rubis naturels et sont souvent considérées comme une "signature" de leur authenticité.

En plus de ces caractéristiques connues, il en existe d’autres tout aussi fascinantes et pourtant peu utilisées en joaillerie. Notamment la présence d'astérismes sur certains rubis, qui dessinent sur la surface de la pierre une étoile de 6 branches le plus fréquemment, pouvant aller jusqu’à 12. Ce phénomène est dû à l’interférence de la lumière avec une grande quantité d’inclusions appelées “soies”, qui sont en réalité de fines aiguilles de rutile (dioxyde de titane). Ce phénomène est mis en valeur par la taille en cabochon des corindons. Ainsi, alors qu'en joaillerie, les pierres précieuses sont majoritairement taillées avec des facettes, la taille cabochon est nécessaire pour mettre en lumière l'astérisme.

Les gisements du Rubis

Rubis du Myanmar (Birmanie)

Les rubis les plus réputés proviennent d'Asie, en particulier du Myanmar (anciennement Birmanie), dans les mines de Mogok, qui s'étendent sur 1000km2, et produissent les rubis les plus exceptionnels, caractérisés par leur couleur "sang de pigeon" (un rouge vif avec une légère nuance bleutée). Toutefois, en raison de l'extraction intensive, les rubis birmans sont amenés à disparaître du marché, ils sont devenus rares et coûteux, ce qui augmente considérablement leur prix, d'autant plus que depuis l’arrivée de la junte militaire au pouvoir en 1962, la Birmanie s’est renfermée sur elle-même et l’accès aux zones de production est devenu pratiquement inaccessible. Aujourd'hui, les plus beaux spécimens dépassent plusieurs milliers de dollars par carat.

À savoir que l'extraction des rubis dans cette zone géographique s'adapte en fonction des saisons sèche et humide.

Durant la saison sèche, les mineurs tracent de minces tunnels dont la profondeur peut aller de 5 à 30 mètres. Par la suite, ils s'introduisent dans ces tunnels pour y déterrer la terre à l'aide d'une pelle et d'un panier en bambou.

Durant la saison des pluies, lorsque ces tunnels sont submergés par les précipitations, ils deviennent inutilisables. Les mineurs effectuent alors des excavations entre ces structures, et facilitent le processus naturel d'érosion en utilisant des bambous pour diriger les cascades d'eau. Le sol ainsi récupéré est ensuite soigneusement classé pour extraire les rubis.

Rubis du Mozambique

Les rubis du Mozambique, découverts plus récemment, rivalisent désormais avec ceux de Birmanie en termes de qualité et de couleur. En l'espace de quelques années, le Mozambique s'est imposé comme le principal pays producteur de rubis et produit ainsi la majorité des rubis utilisés en joaillerie et haute joaillerie, avec une surface d'extraction de plus de 30 000 hectares.

Rubis de Madagascar

Connu pour être le premier pays producteur de saphir rose, Madagascar produit également des rubis, dont les plus beaux spécimens sont très recherchés. Les rubis de Madagascar présentent une gamme de couleurs allant du rouge orangé au rouge violacé.

Les gisements majeurs sont situés dans la province d'Andilamena, au nord-est d'Antananarivo. La majorité des rubis présents dans cette zone sont d'un rouge brunâtre à violacé et sont très inclus (ils ont souvent recourt à des traitements).

Rubis du Sri Lanka (Ceylan)

Le Sri Lanka (anciennement Ceylan) est réputéd de longue date pour ses saphirs, mais également une source historique de rubis, issus des mêmes gisements dans la région de Ratnapura, près de Colombo, à l'ouest du sud de l'île. Ils résultent de l'érosion d'anciens sommets montagneux et se manifestent sous la forme de gravier alluvionnaire. Ce gravier gemmifère est récupéré du lit des rivières, nettoyé, puis soigneusement classé.

Cependant, en termes de qualité, les rubis sri-lankais ont tendance à avoir une couleur rouge plus claire et plus rosée, tendant vers le framboise que ceux de Birmanie.

Rubis Historiques

Le Rubis Étoilé Rosser Reeves : 138,7 carats, exposé au Smithsonian National Museum of Natural History.
Le Rubis Étoilé DeLong : 100,32 carats, conservé à l'American Museum of Natural History de New York.
Le Rubis du Prince Noir : 170 carats (bien qu'il s'agisse en réalité d'un spinelle rouge), monté sur la Couronne Impériale britannique.

Le rubis synthétique

Une synthèse, est par définition, la reproduction d’une pierre selon ses caractéristiques physiques et chimiques, à la différence qu’une est produite par la nature et l’autre par l’homme. Les rubis synthétiques sont créés en laboratoire en reproduisant les conditions naturelles de formation des rubis. Deux méthodes principales sont utilisées :

1) Procédé Verneuil : la synthèse par fusion simple ou sèche

Mise au point à la fin du 19e siècle, ce procédé est utilisé pour réaliser des saphirs et spinelles synthétiques : c’est maintenant le moins cher et le plus rapide
L’oxyde d’aluminium (matière sèche) est pulvérisé et fondu par un chalumeau oxhydrique puis se forme goutte par goutte au niveau du germe. Pour obtenir la couleur souhaitée, il faut ensuite ajouter des oxydes métalliques (fer, titane…)

2) Procédé Czochralski : la synthèse par tirage

Mise au point en 1919, ce procédé est utilisé pour les corindons et spinelles. L’oxyde d’aluminium (matière liquide) est déjà en fusion et tiré vers le haut par le germe (qui peut être naturel ou synthétique)

3) La synthèse par dissolution anhydre

Mise au point dans les années 1970, ce procédé est utilisé pour les corindons, l’émeraude et les quartz, c’est l’un des plus longs et des plus coûteux (8 à 12mois, la gemme se cristallise par 2mm). L’oxyde d’aluminium est mélangé à des fondants (permettant d’abaisser la température de fusion)

4) La synthèse par dissolution hydrothermale.

Ce procédé est utilisé pour les corindons, l’émeraude et les quartz. Les cristaux croissent dans de l’eau à haute température (500 degrés) et haute pression (1000) pour simuler les conditions naturelles qu’il y a sous terre lors de la création des cristaux.

Traitements du rubis

La plupart des rubis sont traités pour améliorer leur couleur et leur clarté. Les traitements les plus courants sont :

Le chauffage

Permet d'améliorer la couleur en éliminant les nuances indésirables ou en intensifiant le rouge.

Le glasfilling (le remplissage)

Les fissures peuvent être remplies avec du verre au plomb pour améliorer la clarté de la pierre. Ce traitement doit être divulgué, car il peut affecter la durabilité du rubis.

Un certificat d'authenticité délivré par un laboratoire gemmologique indépendant (tel que le GIA, le SSEF ou le Gübelin) est essentiel pour connaître la nature et l'étendue des traitements subis par le rubis.

Évolution des Prix

Parmi les gemmes de couleur, l’émeraude est la deuxième pierre "précieuse" dominant le marché, représentative de 23% des achats de pierres de couleur pour les bijoux, juste après les saphirs (49%) et devant les émeraudes (18%).

Le rubis est l'une des pierres précieuses les plus chères, en particulier lorsqu'il présente une couleur "sang de pigeon" intense, une bonne clarté et une taille appropriée. Les rubis birmans non chauffés de haute qualité atteignent des prix exceptionnels sur le marché.

Le prix des rubis varie considérablement en fonction de leur qualité, de leur origine géographique et des traitements qu'ils ont subis. Les plus beaux spécimens dépassent aujourd’hui plusieurs milliers de dollars par carat, comme l'illustre la comparaison entre un rubis d'origine Thaïlande de 8,22 carats qui s'est vendu 13k USD/carat (107,95k USD), contre un autre birman de 7 carats a été adjugé 408,4k €/carat (2,9M €) soit un facteur x30, illustration de l'appréciation de la qualité pour un rubis.

Ci-dessous le graphique montrant la comparaison de prix de rubis birmans sang de pigeon, selon leur poids, preuve de l’appréciation de la rareté (plus le poids est important plus il est rare et donc cher). Un record marquant est le rubis Crimson Flame vendu 1,2M USD le carat, soit un total de 18M USD en 2015.